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Dans le cas où certaines oppositions au coucher sont liées à l’arrivée tardive des parents, il est important de veiller à être à 100% dans l’instant partagé – car les soirées sont courtes -, sans portable, et en  repoussant les discussions d’adultes à plus tard…

La famille

Le sommeil de l’enfant évolue avec une autonomie progressive croissante : contrôle parental exclusif initialement, puis peu à peu la maîtrise de son horaire de coucher de manière autonome.
Chez le petit enfant, ce sont les parents qui décident qu’il est l’heure de dormir. Les parents sont là pour que l’enfant respecte ses besoins de sommeil. L’interaction parents/enfant est très importante pour déterminer l’horaire du coucher. L’enfant peut très bien ressentir l’envie de dormir mais refuser d’aller se coucher pour diverses raisons : plaisir de rester avec ses parents qu’il n’a pas vu de la journée, envie de jouer, incompréhension de l’intérêt de dormir, injustice devant le grand frère qui peut se coucher plus tard, peur du noir, peur de refaire un cauchemar…

Autre particularité du sommeil du petit enfant : ne pas faire l’impasse sur le temps calme de sieste, même si elle est parfois vécue comme gênante pour les parents car elle entraîne une restriction de  leurs activités. Or, la supprimer peut conduire à une si grosse fatigue de l’enfant le soir, qu’il ne pourra pas trouver le sommeil et cela peut se transformer en une spirale infernale. La dette de sommeil peut se manifester chez l’enfant par une certaine hyperactivité passagère, qui n’est pas du tout propice à l’endormissement. Il n’est pas toujours facile de respecter les rythmes de chacun et des compromis sont à trouver !

Vers l’âge de 8 à 10 ans, l’enfant est capable de gérer son sommeil tout seul. Mais il faudra lui rappeler qu’il est l’heure de se coucher car il peut avoir envie d’être très actif malgré la fatigue. A l’adolescence, les parents auront beaucoup plus de mal à se faire entendre. Plus le respect d’un bon sommeil et de ses règles auront été inculqués en amont, plus le jeune trouvera lui-même ses limites et les respectera.

Dans tous les cas, la régularité des horaires sera précieuse pour synchroniser l’horloge biologique et favoriser un sommeil de qualité, mais il ne faut pas être rigide ! Ainsi, lorsqu’une fête de famille se déroule, l’enfant a tout autant besoin que les autres de participer à ce moment d’échange familial. S’il se couche tardivement pour une fois, ce n’est pas grave. Quelques soirées exceptionnelles permettent aussi de mieux vivre la régularité quotidienne imposée car nécessaire.

Dans les familles recomposées, les habitudes familiales par rapport au sommeil peuvent être très différentes d’une famille à l’autre. En 2011, selon l’INSEE, 1,5 million d’enfants vivaient dans 700.000  familles recomposées. Avec ces différents rythmes familiaux, l’enfant peut  être amené à changer chaque semaine de chambre, de lit et d’horaires de repas, de coucher ou de lever. De telles variations de cadre nécessitent une adaptation sans cesse renouvelée. Des troubles du sommeil peuvent apparaître au début avec un seul des parents, dans le cas de garde alternée. Certains enfants, surtout pré-adolescents ou adolescents, ont, dans ce type de situation, un sommeil qui se déstructure ou se décale. Cela impliquera des couchers tardifs, levers difficiles et de la somnolence.

C’est en allant vers une meilleure régularité des horaires et des activités que l’on pourra aider l’enfant à améliorer la situation. Un agenda du sommeil sur un mois, pourra permettre de trouver les aménagements nécessaires d’un côté ou de l’autre pour faciliter l’adaptation. Attention à ne pas passer à côté d’une dépression réactionnelle dans ce cadre, si aucun aménagement ne permet d’améliorer le sommeil ; cela peut aussi être un signe d’appel qui justifie la mise en place d’un soutien psychologique. Dans tous les cas, la présence des parents le soir est fondamentale. Le simple rappel des règles, même quand le « règlement » n’est pas toujours suivi à la lettre, aidera votre enfant à mieux les appliquer, peut-être demain ou après-demain.

L’environnement scolaire

En matière d’aménagement du temps scolaire, il n’existe pas de solution idéale. Le temps passé à l’école doit s’intégrer dans le rythme global d’un enfant de façon équilibrée.
Il existe trois rythmes principaux qu’il convient de respecter en priorité : le sommeil, les variations journalières de l’activité intellectuelle et de la vigilance et les rythmes saisonniers de résistance aux agressions de l’environnement. La durée et la qualité du sommeil constituent deux éléments essentiels du niveau de vigilance et de l’attention d’un enfant à l’école. Ils auront de fait des conséquences sur les performances intellectuelles.

Les facteurs qui  influencent la qualité et la durée du sommeil d’un enfant

L’âge : plus un enfant est jeune, plus il a besoin de sommeil.
L’heure d’arrivée à l’école : plus elle est matinale, plus il conviendra d’être attentif à la durée du sommeil de l’enfant.
Les lieux de vie : les élèves en ZEP dorment moins que ceux qui sont hors ZEP. De la même façon, les enfants d’Outre-mer dorment moins que ceux de métropole. L’environnement familial est primordial car les rythmes de vie des parents régulent le sommeil des enfants.

Grâce aux travaux de chronopsychologie menés en milieu scolaire, on peut établir un schéma « classique » des fluctuations journalières de la vigilance et de l’activité intellectuelle : le niveau de vigilance et les performances psychotechniques progressent du début jusqu’à la fin de la matinée scolaire, s’abaissent après le déjeuner, puis progressent à nouveau au cours de l’après-midi.

Il existe deux moments reconnus comme « difficiles » : les débuts de matinée et d’après-midi.
A noter que cet équilibre n’existe pas dans la semaine de 4 jours. Dans ce cas, la rythmicité journalière classique disparaît pour laisser place à une rythmicité inversée, accompagnée d’une baisse du niveau des performances. ( Lire l’article de François Testu, président de l’ORTEJ).

Les périodes de faible résistance

Il est montré que les êtres humains sont plus vulnérables physiquement en hiver qu’en été. Si la période de fin février – début mars est plus particulièrement difficile à vivre pour tous, celle de la Toussaint est également à risques pour les enfants les plus jeunes qui vont à l’école depuis fin août – début septembre.

Les recherches évaluatives de terrain ont inspiré principalement quatre enseignements :

  • les variations journalières des performances intellectuelles sont importantes. Cela est d’autant plus vrai que l’élève est à l’aise à l’école ;
  •  la pratique d’activités éducatives périscolaires et extrascolaires contribuent à l’épanouissement physique et psychique des jeunes. Avoir plus de temps « libre » n’est pas toujours favorable ;
  • la semaine dite « de 4 jours » est plus éprouvante sur le plan physiologique qu’un rythme régulièrement réparti sur la semaine. Cela peut contribuer à accentuer et allonger les effets perturbateurs du week-end, avec des enfants décalés donc fatigués le matin le lundi, jusqu’au mardi midi, pour certains. De plus, si le volume horaire d’enseignement hebdomadaire demeure le même, la répartition de l’enseignement sur 4 jours engendre soit un alourdissement de la journée scolaire, soit une réduction des « petites vacances » et/ou un allongement du premier trimestre, qui peut être difficile pour certains enfants.
  • Pour que l’enfant se sente vraiment en vacances et en profite pleinement, il faut environ une semaine. C’est seulement après cette période de transition qu’il oublie le réveil provoqué, l’école, les soucis quotidiens, le stress environnemental, et qu’il se réveille plus tard, dort mieux, se repose et se détend.

Ces constats avaient conduit, en 2015, à proposer :

  • des activités scolaires réparties en adéquation avec les rythmes journaliers de l’enfant ;
  • un calendrier annuel équilibré, où les périodes de classe de 7 à 8 semaines alternent avec deux semaines de vacances ;
  • des horaires de classe plus tardifs pour tenter de respecter au maximum le sommeil de l’enfant.

Alléger le temps scolaire journalier, notamment pour les plus jeunes, a permis la mise en place d’activités péri et extrascolaires, grâce à la répartition sur 5 jours. Ce dernier point de la réforme a fait débat et a été réévalué à l’échelle de chaque commune, via des sondages, pour être finalement abandonné dans de nombreuses villes à la rentrée 2018, qui appliquent, depuis, la semaine de 4 jours.
Si vous êtes dans une commune qui a fait ce choix, veillez à respecter la régularité des couchers de votre enfant tous les jours de la semaine, en particulier les mardis et samedis, afin qu’il garde une horloge biologique en forme !

 

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