Dans les années 1940, Bowlby, pédiatre anglais, s’appuie sur l’observation de séparations précoces parents/enfants pour développer la théorie de l’Attachement, qui s’est ensuite enrichie, et qui est aujourd’hui solidement étayée par les neurosciences.

La théorie de l'attachement de l'enfant vise à expliquer son besoin de sécuritéDans le contexte d’après-guerre Bowlby voit les effets délétères de la séparation sur la santé mentale et physique des enfants. Dans une étude de 1944 sur « 44 jeunes voleurs : leur personnalité et leur vie familiale » Bowlby souligne que ces jeunes voleurs ont vécu dans l’enfance une séparation prolongée d’avec leurs parents, trait majeur qui les distingue des autres adolescents observés. Soucieux de s’appuyer sur une démarche scientifique Bowlby s’engage dans l’exploration d’autres apports pour élargir ses connaissances. Il s’intéresse aux connaissances psychanalytiques et élargit sa pensée à l’éthologie (travaux de Konrad Lorenz et Harry Harlow).
Fort de toutes ces connaissances Bowlby construit un cadre théorique qui associe l’histoire d’un individu, son équipement biologique et son environnement. Pour qu’un individu survive, et permette à l’espèce de poursuivre son évolution, il doit être équipé d’un système qui, après l’avoir informé du danger, lui donne les moyens de réguler sa peur et son stress. Le système d’attachement  est donc un programme biologiquement inscrit en nous dès notre naissance, qui pourra être revisité tout au long de notre vie.

Cette théorie nous aide à comprendre le lien qui se met en place entre le parent et son enfant quand l’enfant est en difficulté et a besoin de réconfort pour retrouver son équilibre. C’est cette possibilité d’être secouru quand il est en difficulté qui va permettre à l’enfant de partir sereinement à la découverte du monde qui l’entoure. Pour cela il va mettre en place des comportements d’attachement, qui vont évoluer avec l’âge, et les compétences de l’enfant.

Une manière simple de présenter cette théorie aux parents est de leur expliquer le cercle de sécurité mis au point par Cooper, Hoffman, Marvin & Powell en 2000.

Les mains ouvertes représentent la figure d’attachement, c’est-à-dire la personne vers qui l’enfant va se tourner en cas de détresse, et celle qui va le soutenir et l’encourager à explorer le monde qui l’entoure. Si cette figure d’attachement est présente, et répond par un message sécurisant à la demande d’aide de l’enfant, alors l’enfant sera en capacité de continuer son exploration. Si cette figure d’attachement n’est pas disponible alors il sera impossible de répondre aux besoins de l’enfant. Cela peut être le cas par exemple des parents très déprimés, qui ne sont pas en capacité de repérer et de répondre de manière adaptée à la demande d’aide de leur enfant.

C’est en accumulant des expériences sécurisantes tout au long de la journée que l’enfant va remplir son « réservoir de sécurité » et être en capacité d’acquérir son autonomie pour s’endormir, et se rendormir entre deux réveils nocturnes physiologiques.

Dans ce contexte la parution du dernier ouvrage du Docteur Christine Genêt  «  traiter les troubles du sommeil chez l’enfant » (éditions Dunod) en octobre 2023 nous apporte un éclairage passionnant sur la prise en charge des troubles du sommeil chez l’enfant.

Les troubles du sommeil sont fréquents chez l’enfant et le mauvais sommeil est une plainte courante en médecine générale comme en psychiatrie.
Ces troubles peuvent avoir des conséquences non négligeables sur le développement de l’enfant et ils entraînent toujours des dysfonctionnements relationnels entre l’enfant et ses parents. Le sentiment de sécurité et la capacité à se détendre sont reliés à la construction du lien d’attachement et favorisent un bon sommeil. Ils sont au cœur des troubles du sommeil.

Connaître ce qu’implique le sentiment de sécurité dans le lien d’attachement et dans l’apprentissage de la détente corporelle ouvre la prise en charge à un meilleur accompagnement des parents et à une évaluation plus précise des besoins de sécurité de l’enfant.
Ce livre s’adresse aux professionnels de la santé mentale et de l’enfance qui souhaitent enrichir l’approche du sommeil de l’enfant par une pratique intégrative – incluant notamment la théorie de l’attachement et le développement psychocorporel – et être sensibilisés à des outils pratiques. Il présente :
• le contexte et les spécificités du sommeil de l’enfant ;
• les apports de la théorie de l’attachement et de l’approche psychocorporelle ;
• le dispositif de consultation sommeil et de groupes de psychoéducation sommeil accompagné de vignettes cliniques.
Ce livre apporte un éclairage novateur à la prise en charge du sommeil de l’enfant avec la gestion interpersonnelle de la peur, le rôle du lien enfant-parent dans le sentiment de sécurité, son ancrage corporel, et les applications de la relation d’aide issues de la théorie de l’attachement.