© Sharon McCutcheon|Pexels

Les troubles du sommeil concernent les trois quarts des enfants porteurs d’un handicap neurodéveloppemental. Ils ont un impact important sur les journées des enfants et perturbent durablement le sommeil des parents et des frères et sœurs…donc la qualité de vie des familles.

Introduction

Les troubles du sommeil peuvent se traduire par un trouble du rythme circadien, des difficultés d’endormissement et/ou des réveils nocturnes.

La prise en charge devra évaluer le contexte environnemental, les habitudes autour du sommeil et les problèmes organiques susceptibles de perturber le sommeil : reflux gastro-œsophagien, épilepsie, etc.

Il faudra aussi évaluer le retentissement sur la rééducation, les apprentissages pour calibrer les choix thérapeutiques.

L’objectif initial sera d’améliorer les habitudes et l’hygiène du sommeil et de renforcer les donneurs de temps (alternance lumière obscurité, régularité des horaires des repas, horaires du coucher et du lever…).

La sévérité des troubles et leur retentissement familial justifient souvent d’associer un traitement médicamenteux aux mesures comportementales, ce qui pourra être proposé dans le cadre d’une consultation spécialisée.

La mélatonine sous forme de gélules à libération immédiate ou de comprimés à libération prolongée peut être une aide notable dans ce contexte.

Un questionnaire d’autodiagnostic est proposé en ligne par le réseau luciole. Ce document peut permettre de préparer efficacement une consultation dédiée au sujet, que ce soit avec le médecin généraliste, le pédiatre ou un spécialiste du sommeil.

Difficultés d ’endormissement usuelles :

Les difficultés autour de la séparation du soir, la peur du noir sont fréquentes chez tous les enfants. Des événements, apparemment anodins peuvent avoir été générateurs d’inquiétude pour lui et avoir un impact direct sur les conditions de son endormissement et la qualité de son sommeil.

On peut, dans ce contexte, avoir pris l’habitude de l’aider à s’endormir en le berçant, en lui donnant un biberon, en le mettant devant la télévision, en l’emmenant faire une promenade en voiture, ou encore en restant longtemps près de lui dans son lit ou dans celui des parents… il risque ensuite d’avoir besoin de ces conditions pour pouvoir s’endormir chaque soir ou en pleine nuit, en cas d’éveil.

Il va alors falloir mettre en œuvre un changement d’habitude autour de l’endormissement…progressivement en expliquant et rassurant. L’objectif sera d’aider votre enfant à réapprendre à s’endormir seul. Nous évoquerons des pistes de solution dans la dernière partie.

Décalage des horaires de sommeil.

Quand les difficultés d’endormissement s’installent, et que le réveil devient difficile, un véritable décalage entre l’horloge biologique de l’enfant et le rythme jour/nuit peut s’installer progressivement. Cela peut conduire, parfois, à une véritable inversion incompatible avec les contraintes horaires de l’école ou de son établissement d’accueil.

Il faudra s’interroger sur l’adéquation des stimulations qui rythment ses journées :

  • Alimentation continue ou fractionnée ?
  • Qualité de l’éclairage dans la journée et/ou des nuits.
  • Horaires de couchers et de levers, durée  et horaires des siestes y compris les épisodes de somnolence dans les trajets en voiture.
  • Relevé de l’exercice physique: répartition des séances de kiné, de psychomotricité, horaires, durées…
  • Le planning des autres activités devra aussi être consulté : ateliers, jeux, activités scolaires.
  • Il y a parfois des causes liées à la pathologie elle-même :

– Les enfants non-voyants qui n’ont pas de perception de la lumière peuvent avoir un rythme veille/sommeil en « libre cours » : ils s’endormiront, chaque jour, une à trois heures plus tard que le jour précédent) ou un rythme veille/sommeil irrégulier.

– Certaines pathologies sont associées à une lésion de l’horloge biologique ou à une sécrétion inversée ou insuffisante de mélatonine (syndrome de Smith-Magenis, Rett, Angelman, troubles envahissant du développement…), ce qui orientera les pistes thérapeutiques.

Les problèmes organiques susceptibles de perturber le sommeil

Les médicaments

Certains médicaments sont susceptibles d’entraîner des insomnies ou des épisodes de somnolence à des horaires inadaptés. Les corticoïdes, certains antidépresseurs, les bêtabloquants, la Ventoline, certains antiépileptiques entre autres, peuvent favoriser les insomnies. Cela vaut la peine de mener l’enquête avec votre médecin.

Inconfort ou douleur

Points d’appui, appareillages ou postures imposées peuvent être source d’inconfort, voire de douleurs, qui peuvent fractionner son sommeil, et il faudra toujours optimiser le confort de la nuit, si besoin en ajoutant des antalgiques.

Les douleurs sont à envisager systématiquement en cas d’insomnies chroniques. Les causes les plus souvent diagnostiquées sont les otites, les douleurs dentaires, la constipation et le reflux gastro- œsophagien.

L’épilepsie et le sommeil

ils ont des liens bidirectionnels. Le manque de sommeil est bien connu comme facteur favorisant les crises. À l’inverse, la survenue de crises peut altérer la qualité du sommeil de votre enfant et entraîner divers troubles. La prise de médicaments antiépileptiques peut aussi parfois être en cause. Le sommeil est donc un sujet à évoquer pendant la consultation d’epileptologie.

Les troubles respiratoires pendant le sommeil

Ronflements, respiration buccale, pauses respiratoires, sueurs nocturnes…Votre enfant fait-il des apnées ? Un enregistrement du sommeil peut être indiqué. N’hésitez pas à en parlez à votre médecin.

Mouvements incontrôlés

Ils peuvent refléter l’existence de crampes, d’impatiences, ou de mouvements périodiques des jambes… au moment de l’endormissement ou dans la nuit. S’ils sont à l’origine de difficultés d’endormissement répétées ou associés à un sommeil non réparateur, parlez-en à votre médecin.

Les parasomnies

Ce sont des manifestations indésirables : mouvements, paroles, phénomènes sensoriels – qui surviennent durant le sommeil. Elles sont bénignes le plus souvent ; mais si elles sont répétées et associez à un sommeil non réparateur, parlez-en à votre médecin.

Les hypersomnies

Cela correspond à un état de somnolence anormale durant la journée ou une tendance à l’endormissement au cours de moments de socialisation (discussion, repas, etc.). Cette somnolence anormale peut être liée à un sommeil insuffisant, la prise de sédatifs ou à des maladies provoquant des fragmentations du sommeil nocturne (épilepsie, apnées du sommeil, mouvements incontrôlés des membres inférieurs…) ou encore être d’origine centrale (narcolepsie, hypersomnie idiopathique) ; une consultation spécialisée est alors justifiée.

Quelles solutions proposer ?

Comprendre son rythme et ses besoins

Renforcez ses « donneurs de temps »

  • Exposez votre enfant à la lumière naturelle dès le matin, y compris pendant les siestes.
  • Instaurez une grande régularité dans le déroulement de ses journées, que ce soit pour ses repas, ses activités, ses soins médicaux ou ses horaires de coucher et de lever.
  • Les siestes sont parfois indispensables (notamment avant 4 ans), mais il ne faut pas qu’elles soient trop tardives. Au-delà de 16 heures, elles risquent de compromettre un endormissement réussi le soir.

Proposez-lui des activités très calmes le soir ; soignez tout particulièrement le rituel de son coucher, en y incluant si besoin des soins de détente. Il faut essayer d’optimiser l’heure du coucher, en repérant les signes de l’arrivée du sommeil : bâillements, frottements des yeux, froid…avant qu’il ne soit énervé.

Ne pas oublier qu’il est très important que l’enfant apprenne à s’endormir seul, dans une chambre au calme, sans déranger toute la famille. Si vous n’arrivez pas à le rendre autonome peu à peu, l’approche comportementale peut vous aider. Vous en trouverez la méthode détaillée sur la fin de la page : https://sommeilenfant.reseau-morphee.fr/enfant/les-bonnes-pratiques/

Veillez à porter une attention toute particulière à son installation:

La chambre doit être si possible : réservée au sommeil, maintenue à une température <20 °c, avec une humidité contrôlée, insonorisée, protégée de la lumière (si veilleuse, intensité <40 watts) .

Le lit doit être confortable : matelas en mousse sur mesure, articulé si besoin. Chez les enfants de plus de 2 ans, qui ont un sommeil agité, une couverture spéciale alourdie ou un tour de lit peuvent l’aider à mieux dormir. Un sac de couchage fixé au matelas peut être une aide, s’il sort de son lit.

Essayez de respecter la position de sommeil préférée de votre enfant. Utilisez des coussins, afin de favoriser au maximum les positions de détente. S’il est appareillé, surveillez les points d’appui et faites contrôler souvent le matériel par des professionnels.

Enfin, en cas d’intervention durant la nuit pour un changement de position, un soin, une alimentation, faites-le de la façon la plus neutre possible, sans lui parler, dans le noir…

En cas de suspicion de troubles respiratoires au cours du sommeil.

En cas d’encombrement bronchique connu, la position semi-assise est recommandée, en plus des soins habituels comme la kinésithérapie respiratoire.

En cas de suspicion de syndrome d’apnée du sommeil, un enregistrement de la respiration nocturne doit être réalisé par un ORL, un pneumologue ou un spécialiste du sommeil pour confirmer le diagnostic. De nombreux traitements existent kinésithérapie, orthodontie, prise en charge ORL…

Pour en savoir plus sur le syndrome d’apnées du sommeil

En cas de suspicion de mouvements anormaux dans le sommeil.

La prise de magnésium peut être indiquée, en cas de crampes et la prise de fer est souvent nécessaire en cas d’impatiences.

Cela vaut la peine de le signaler à votre médecin, qui pourra prescrire un dosage sanguin de la ferritine, voire une polysomnographie, enregistrement complet du sommeil pour mieux identifier la cause de ces mouvements.

Alimentation

L’équilibre alimentaire est essentiel pour la qualité du sommeil. L’avis d’une diététicienne peut vous aider à contrôler la pertinence du nombre des repas, la qualité nutritionnelle de chaque repas. Le débit de l’alimentation par sonde en cas de nutrition parentérale peut aussi avoir un impact. Une allergie aux protéines du lait de vache, une intolérance au gluten ou d’autres allergies sont à rechercher en cas de signes digestifs ou de mauvaise croissance pondérale associés à l’insomnie.

Place des médicaments

Il existe des traitements qui peuvent être prescrits pour les enfants et apporter une aide notable dans ce contexte. Ainsi, la mélatonine peut être donnée sous forme de préparation magistrale (gélules), ou sous forme de libération prolongée (comprimés de Circadin) une demi-heure avant le coucher. Ce dernier peut être prescrit par les pédiatres, neurologues et psychiatres dans le cadre d’une RTU (recommandation temporaire d’utilisation) et pris en charge par la sécurité sociale pour le traitement des troubles du sommeil des enfants de 6 à 18 ans présentant des troubles du spectre de l’autisme et maladies neurogénétiques.
D’autres traitements à visée sédative sont utilisés au cas par cas comme l’atarax, théralène et tercian.

Le traitement doit être temporaire, pendant un ou deux mois, pour essayer de stabiliser le sommeil. Il peut être poursuivi si les troubles recommencent, en cherchant toujours à associer des solutions non médicamenteuses.

COIN PARENTS :

Votre sommeil compte autant que celui de votre enfant. Soignez-le : respectez vos besoins et pensez aux siestes ; la sieste est un bon moyen de pallier le manque de sommeil nocturne.

Prenez soin de vous autant que de lui, pour garder confiance en vous !

Ref  : De Leersnyder H. Prise en charge des troubles du sommeil de l’enfant porteur d’un handicap neuro-développemental. mtpédiatrie2013 ; 16(2) : 90-6 doi:10.1684/mtp.2013.0480

 Livret « Troubles du Sommeil et handicap »Réseau Lucioles

 

 

 

 

 

 

Contenus complémentaires