Peut-on s’arrêter totalement de dormir ? Pendant combien de temps ?

Les privations totales de sommeil sur une longue période sont impossibles. Les expériences relatives au sommeil ont toujours été arrêtées vers le dixième jour, et tentées exclusivement chez l’adulte.

Après une nuit sans dormir, l’état dépend de la qualité des activités demandées. S’il s’agit d’un travail monotone ou ennuyeux, le sujet est très somnolent. Des activités intéressantes provoquent, au contraire, une hyperactivité, même si des troubles de l’attention et de l’humeur apparaissent. Après deux jours sans sommeil, il est difficile de rester éveillé. Le sujet est agressif, irritable, soupçonneux, intolérant à la moindre frustration. Les besoins fondamentaux, appétit et pulsion sexuelle, sont libérés. Mais le cerveau sommeille, l’attention est faible et les gestes automatiques. Après quatre jours, les yeux se ferment d’eux-mêmes. Il existe des troubles visuels avec impression de ne plus voir clair, de loucher. Les mains tremblent, la parole est lente, l’irritabilité s’aggrave encore. La plus petite stimulation, bruit, lumière, effleurement de la peau, devient intolérable. Après le cinquième jour, commencent les véritables hallucinations.

Qu’arrive-t-il lorsque la privation de sommeil cesse ?

Le sommeil lent profond est rattrapé en premier. Puis seulement, et s’il y a le temps, le sommeil paradoxal. Le nourrisson, quant à lui, récupère en dormant beaucoup plus profondément, ce qui entraîne une diminution des capacités à se réveiller, augmentant les risques de pause respiratoire anormalement longue ou de ralentissement cardiaque. Chez l’adulte, une privation aiguë de sommeil se compense vite. Après 205 heures (presque neuf jours consécutifs) sans sommeil, il a été démontré que les performances à divers tests redevenaient normales avec trois nuits de sommeil, et cela alors que seulement 30% du temps de sommeil paradoxal aient pu être rattrapés.

Les privations partielles de sommeil

Les expériences de privation, même partielle, de sommeil chez l’enfant sont rares. Elles n’ont pas souvent été réalisées chez le nouveau-né ou le nourrisson. Une étude américaine révèle qu’une privation partielle de sommeil (nuit de 5 heures) dans un groupe d’enfants de 10 à 14 ans suffirait à perturber l’apprentissage des tâches les plus complexes (créativité) et les plus éloignées des tâches habituelles. Une autre étude démontre, chez des enfants de 9 à 12 ans dont on a fait varier le temps de sommeil sur une période de trois semaines, une amélioration spectaculaire du comportement et des performances scolaires lorsque le temps de sommeil est normal, c’est-à-dire lorsqu’il correspond aux besoins en sommeil des enfants de cet âge.

Quels sont les signes d’un manque de sommeil chez l’enfant ?

La simple observation nous en apprend déjà beaucoup. Un enfant anormalement agité, irritable et capricieux manquera probablement de sommeil. À l’inverse, celui qui demeure calme, émotionnellement stable et joyeux malgré un court temps de sommeil devra être considéré comme un petit dormeur. L’enfant aura suffisamment dormi s’il se réveille facilement et de bonne humeur le matin, s’il est calme et attentif à l’école, s’il n’est pas agressif et intolérant à la moindre frustration le soir.

Quelles sont les conséquences d’un manque de sommeil ?

L’étude de certains troubles permet de préciser les répercussions d’un manque de sommeil. Les troubles du sommeil sont associés à des manques d’attention et des troubles du comportement. Il y a diminution des performances de la mémoire, de l’apprentissage des mathématiques et des sciences. L’hyperactivité, elle, est surtout liée à la fragmentation du sommeil. Les études de population portant sur un grand nombre d’enfants et d’adolescents permettent de confirmer les liens entre déficit de sommeil, difficultés scolaires et troubles du comportement :

  • baisse de la performance scolaire du fait de la diminution des capacités attentionnelles ;
  • augmentation du risque d’accident, de syndrome dépressif, voire de risque suicidaire dans les formes sévères ;
  • risque de développer une obésité et un diabète ;
  • baisse des défenses immunitaires (davantage de risques infectieux notamment).

Quelles sont les causes du manque de sommeil ?

Le sommeil et sa qualité sont très dépendants de son environnement (mauvaises conditions de couchage, excès de bruit, temps passé devant un écran ou au téléphone trop important, rythmes scolaires…). Voir  le tableau ci-après « Voleurs de sommeil ».

Une étude menée sur 493 enfants révèle qu’il existe au fil des années, en particulier chez les plus jeunes, une diminution du temps de sommeil, expliquée par un coucher de plus en plus tardif. Parallèlement, le temps passé devant un écran suit la tendance inverse et augmente au fil des années. Il existe d’importantes différences culturelles et les habitudes varient fortement d’un pays à l’autre (coucher plus ou moins tardif, lever plus ou moins précoce…). Ces variations démontrent l’importance, chez les enfants et adolescents, d’une bonne hygiène de sommeil et d’horaires d’entrée à l’école pas trop précoces.

Les points importants

  • Une étude américaine révèle qu’une privation partielle de sommeil (nuit de 5 heures) dans un groupe d’enfants de 10 à 14 ans suffirait à perturber l’apprentissage des tâches les plus complexes (créativité) et les plus éloignées des tâches habituelles.
  • Chez les enfants dont on a fait varier la durée de sommeil au cours d’une période de trois semaines, il existe une amélioration spectaculaire du comportement et des performances scolaires lorsque le temps de sommeil est normal.
  • Un enfant anormalement agité, irritable et capricieux manque probablement de sommeil. À l’inverse, un enfant qui demeure calme, émotionnellement stable et joyeux malgré un court temps de sommeil pourra être considéré comme un petit dormeur.
  • L’enfant aura suffisamment dormi s’il se réveille facilement et de bonne humeur le matin, s’il est calme et attentif à l’école, s’il n’est pas agressif et intolérant à la moindre frustration le soir.
  • Plusieurs études mettent en évidence une relation entre diminution du temps de sommeil et risque de développer une obésité.
  • Plusieurs études démontrent qu’il existe des corrélations significatives entre les heures passées devant un écran, les difficultés d’endormissement et la diminution du temps de sommeil.

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Tableau : Les “voleurs” de sommeil
Rythmes de coucher et de lever trop irréguliers
Temps passé devant un écran (>2 heures chez le jeune enfant, >3 heures chez les adolescents)
Absence d’exercice physique ou exercice physique trop tardif le soir
Trop nombreuses activités extra-scolaires
Pression scolaire et sociale trop importante
Début d’école trop matinal, trajet scolaire trop long
Stress, anxiété, difficultés scolaires
Psychopathologie personnelle ou familiale
Consommation de caféine, alcool, tabac, drogues
Régime amaigrissant
Diminution de l’influence parentale

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