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L’insomnie et les problèmes de sommeil sont courants à l’adolescence. Les causes sont à la fois psychologiques, comportementales et physiologiques.

L’insomnie

Des enquêtes menées dans les collèges et lycées montrent que beaucoup d’adolescents se plaignent de problèmes de sommeil. Selon l’enquête INSERM-Fondation Vallée de 2015, 48,9% des 13-19 ans ont le sentiment de ne pas être reposés après leur sommeil, 42,3% ont des difficultés d’endormissement, 32,9% des éveils nocturnes et 26,9% sont décalés avec un endormissement et un réveil très tardif. Les filles ont plus de plaintes de mauvais sommeil que les garçons. Le temps de sommeil diminue drastiquement au cours de l’adolescence avec une perte de 20 minutes de sommeil par nuit et par an de l’âge de 11 ans (durée moyenne du sommeil= 9h26) à l’âge de 15 ans (durée moyenne du sommeil = 7h55).

Pourquoi est-on insomniaque ?

La période de l’adolescence est un moment de grands bouleversements. Les cycles du sommeil changent. Le mode de vie aussi. Les jeunes sont en proie à de véritables mutations corporelles et psychologiques qui bousculent leur aspect physique, leur équilibre psychique et leur relation au monde.

C’est dans ce contexte que le sommeil se modifie pour finalement ressembler à celui d’un adulte. Le sommeil lent profond diminue, le sommeil lent léger augmente. L’endormissement est plus difficile.

C’est l’âge où les adolescents gèrent eux-mêmes leurs horaires de coucher et de lever avec toutes les difficultés que l’on peut imaginer, car c’est aussi le début des sorties et des soirées prolongées. Certains peuvent faire des nuits blanches, boire de l’alcool, voire essayer certaines substances : tabac ou cannabis par exemple. Ce sont des produits psychoactifs (qui agissent sur le cerveau) et qui modifient donc directement le sommeil en le détériorant.

Les rapports avec les parents et les adultes en général peuvent aussi poser problème. Souvent dans l’opposition et le conflit,  le sommeil est fréquemment sujet de discussions. L’influence des ami(e)s est croissante. Les adolescent  découvrent le monde et testent leur façon de s’adapter. Ils cherchent ses limites, et cette exploration implique de prendre de plus en plus de risques, parfois, jusqu’à se mettre en danger.

Des facteurs de stress existent, accentués par l’école et l’environnement social. La peur de l’échec scolaire est souvent réelle. L’angoisse liée aux résultats à l’école est de plus en plus présente.

L’adolescence n’est pas une période sereine. Beaucoup de questionnements sont présents : « Qui suis-je ? Qu’est-ce que je vais faire plus tard ? Est-ce qu’on m’aime ? » Beaucoup d’angoisse et de stress peuvent ainsi venir perturber le déroulement de la nuit.

Qu’est ce qu’une insomnie ?

L’insomnie est la plainte d’une mauvaise nuit en raison d’un sommeil insuffisant ou non récupérateur. Ces problèmes ont un retentissement sur la forme dans la journée.

Comment reconnaître une insomnie ?

Il existe plusieurs signes :

  • des difficultés d’endormissement ;
  • des difficultés à rester endormi avec des réveils en milieu de nuit ;
  • un réveil matinal trop précoce ;
  • pour parler d’insomnie, il est nécessaire que la qualité de la journée soit altérée d’une manière ou d’une autre par ce mauvais sommeil.

Ces symptômes peuvent se combiner et être plus ou moins graves en fonction de leur fréquence.

Dans la journée, un mauvais sommeil posera problème principalement sur ta concentration, tes performances scolaires, ta vigilance et ton humeur.

Attention, il ne faut pas confondre l’insomnie avec :

  • un endormissement tardif dû à un retard de phase du sommeil où l’endormissement survient souvent à 1h du matin ou plus. Le réveil est difficile et spontanément tardif. Le sommeil est décalé dans la nuit, mais une fois enclenché, il se déroule d’une traite, en quantité suffisante. Il s’agit d’un sommeil récupérateur si le réveil n’est pas provoqué, comme c’est le cas en vacances ;
  • le sommeil d’un petit dormeur : son temps de sommeil est court mais de bonne qualité. Il est en forme dans la journée.

Comment se manifeste une insomnie ?

Elle peut être aiguë ou chronique. L’insomnie aiguë dure peu de temps. Elle est le plus souvent transitoire, et sa cause est facilement identifiable (stress, situations préoccupantes…). Il faut juste s’y adapter. Elle dure de quelques jours à quelques semaines et s’accompagne d’anxiété ou de tristesse. Ces insomnies transitoires sont fréquentes, mais elles peuvent provoquer des comportements qui vont entretenir voire renforcer cet état d’insomnie.

Certains, pour calmer les angoisses ou se débarrasser des insomnies, prennent de l’alcool ou fument du cannabis. Prises régulièrement, ces drogues ont de très mauvais effets sur le sommeil. Ce sont de faux amis du sommeil.

Les insomnies sont dites chroniques lorsqu’elles durent plus de 3 mois, mais elles peuvent persister des années. On retrouve une association avec des conditions environnementales particulières (mauvaise conditions de logement, bruits environnant..), une anxiété ou une dépression. Parfois elles ne se rattachent pas à une cause précise. Au niveau des mécanismes on constate alors un état d’hyperéveil avec une difficulté à arrêter les pensées.

Chez l’adolescent, l’insomnie est un signal d’alerte dont il faut essayer de trouver la cause. Est-ce une réaction à un problème connu qui peut être réglé ? Y-a-t-il une mauvaise hygiène de vie ? Est-ce un mal-être profond ou une angoisse très forte ? Est-ce une dépression ou un problème lié à un trouble de la personnalité ?

Dans tous les cas, l’insomnie est un symptôme à prendre au sérieux. Il faudra trouver des solutions et éviter de rentrer dans le cercle vicieux de l’insomnie durable, qui aurait de graves conséquences : somnolence, angoisse encore plus forte, troubles de l’humeur, etc.

Quelles sont les causes d’insomnies ?

L’insomnie peut être due à une mauvaise hygiène de sommeil et à un rythme de vie qui déstructure le sommeil.

  • Des heures très irrégulières de coucher et de lever perturbent les rythmes biologiques ;
  • des activités qui réveillent  : exposition prolongée à la lumière, excitation (télévision et jeux vidéo), longues périodes sur Internet, chatts prolongés avec les ami(e)s, devoirs qui durent tard le soir ;
  • la consommation de café, de tabac, d’alcool ou de drogues ;
  • un environnement trop bruyant, un partage de chambre perturbateur (bruit, horaires de coucher inadaptés) ;
  • un mode de vie familiale sans règle : chacun fait son plateau-repas et l’amène dans sa chambre ou devant la télé ; télés et/ou ordinateurs dans les chambres. La journée se termine alors par un endormissement d’épuisement devant l’écran.

Les insomnies lorsqu’elles sont accompagnées d’angoisses ou d’un état d’anxiété, sont souvent des insomnies d’endormissement. L’angoisse est, en général, liée aux performances scolaires : ponctuellement (en période de contrôle ou d’examen) ou de façon persistante (si les cours sont stressants), ce qui est souvent normal à l’adolescence.

Enfin, l’insomnie et la dépression sont fréquemment associées. La dépression est fréquente chez les adolescents, parmi lesquels le risque de suicide est particulièrement élevé. Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 12-25 ans. Le manque de sommeil comme la dépression retentissent sur la capacité à penser et à travailler. L’humeur et le tonus, en général, sont aussi atteints. Savoir si les troubles sont dus au manque de sommeil ou à la dépression est difficile à identifier.

Dans une dépression, l’insomnie, toujours présente, est souvent sévère et touche surtout la deuxième partie de la nuit. Un réveil trop précoce (vers 5 heures du matin) est également très fréquent. Dans tous les cas, il faut être attentif aux idées pessimistes et à la tendance à l’isolement.

Plus rarement, une insomnie peut révéler une maladie physique (trouble respiratoire du sommeil, syndrome des jambes sans repos et mouvements périodiques des jambes, trouble de l’attention avec hyperactivité).

Comment traiter l’insomnie ?

Selon les enquêtes, rares sont les personnes qui consultent directement un médecin pour des problèmes de sommeil. En revanche, l’usage de médicaments pour dormir (somnifères ou antidépresseurs) est fréquent. 10% des jeunes prennent des médicaments contre le stress, l’anxiété ou pour dormir. D’autres fument du cannabis ou boivent de l’alcool. Les insomnies de sevrage (dues à l’arrêt du produit) apparaissent alors. Pourtant, la prescription de médicaments pour soigner l’insomnie doit rester exceptionnelle à cet âge.

Une insomnie chronique chez un adolescent nécessite une prise en charge médicale. Le médecin recherchera la cause de cette insomnie afin de proposer le traitement le plus adapté. Une prise en charge psychologique est souvent nécessaire, associée à des consignes comportementales. En cas de dépression, l’avis d’un médecin psychiatre sera indiqué. Dans tous les cas, le respect d’un certain nombre de règles concernant le sommeil est un passage obligé, parfois suffisant, pour retrouver un sommeil de bonne qualité.

Le traitement de l'insomnie est à la fois psychologique et comportemental. Il porte sur les causes si elles sont connues, et sur les conséquences (anxiété et comportements entretenant l'insomnie).

Le syndrome de retard de phase du sommeil

Le retard de phase du sommeil est fréquent à l’adolescence.

Qu’est-ce que le syndrome de retard de phase du sommeil ?

C’est un trouble du sommeil qui touche la rythmicité circadienne. Les heures d’endormissement et de réveil sont retardées par rapport aux heures normales, avec un endormissement qui survient après 1h du matin, et un réveil difficile le matin. Après l’endormissement, le sommeil est normal mais le réveil  peut-être spontanément décalé jusque tard dans l’après-midi, si le décalage est important.

Des facteurs physiologiques, comportementaux et psychologiques sont impliqués quand un retard de phase du sommeil se met en place.

L’aspect physiologique : à l’adolescence, l’horloge biologique a tendance à réguler les rythmes plus tardivement. Notamment on observe que la mélatonine, hormone qui régule les horloges que nous avons dans le corps et qui ouvre les portes du sommeil, a une sécrétion décalée plus tard que chez l’adulte. Ceci explique en partie que, spontanément, les adolescents et les jeunes adultes préfèrent vivre le soir. L’heure du coucher (en général vers 23h) est alors décalée. Logiquement, le réveil est plus tardif du fait d’un besoin moyen en  sommeil de 9 heures.

Tu peux utiliser un agenda de sommeil pendant au moins 15 jours pour mieux connaitre ton rythme veille/sommeil sur 24 heures.

L’évolution du mode de vie dans le rythme familial peut favoriser le retard de phase. Les parents rentrent souvent tard, les émissions de télévision intéressantes sont également tardives, l’utilisation des programmes à la carte (replay, séries…) et des réseaux sociaux en soirée,  conduisent  à « oublier le temps » et à ne penser au sommeil que très tard (trop tard…). Ce mode de vie qui change accentue les tendances physiologiques ou spontanées au retard de phase.

Des comportements simples ou une certaine forme d’état d’esprit peuvent tout autant provoquer un retard de phase :

  • le plaisir d’être le dernier à se coucher pour être le (la) seul(e) réveillé(e) dans la maison ;
  • la peur de ne pas réussir à s’endormir ;
  • l’angoisse du sommeil et de son environnement (peur du noir, des cauchemars, de se retrouver seul) ;
  • l’impression que le sommeil est une perte de temps ;
  • trop d’activités stimulantes dans la soirée (télévision, musique, téléphone, jeux vidéo, Internet…) ;
  • trop de temps passé face à des lumières vives (lumière intense le soir, jeux électroniques, écran d’ordinateur…) ;
  • la pression scolaire (devoirs à faire…) ;
  • l’influence des amis ;
  • fumer, boire de l’alcool ou du café assez tard.

Quels sont les problèmes liés à ce syndrome ?

Rythmes sociaux et rythme de sommeil ne sont pas toujours compatibles en cas de syndrome de retard de phase. Il y a un risque de se retrouver en insuffisance chronique de sommeil. La concentration, l’attention au collège ou au lycée seront moins bonnes, tout comme la mémoire et l’humeur. Les vacances permettent de rattraper en partie le retard en dormant presque autant que nécessaire. Les cycles de sommeil sont complets et le réveil n’est plus source d’angoisses. Mais ce peut aussi être un moment de décalage maximal car l’adolescent est livré à lui-même, en roue libre, sans repère. Il y a alors un décalage horaire permanent comme en cas de jet lag (phénomène de décalage des rythmes biologiques lié au décalage horaire) après un vol de Paris à New York !

En cas de sommeil insuffisant en semaine, le week-end permet de récupérer. Mais le lever très tardif du dimanche rend difficile l’endormissement dans la nuit du dimanche au lundi. D’où un réveil fatigué dès le premier jour d’école. Il y a en effet déjà un manque de sommeil. Un vrai cercle vicieux s’installe insidieusement !

Certains adolescents utilisent des médicaments, du cannabis ou de l’alcool pour mieux s’endormir. Il ne faut pas penser que tu dormiras mieux pour autant... C’est une illusion car le sommeil devient plus léger et moins récupérateur. Et en plus, il y a un risque fort de devenir dépendant.

Le retard de phase peut aussi venir de problèmes psychologiques : anxiété, angoisses, troubles de l’humeur, etc. C’est à prendre au sérieux. Le décalage du sommeil peut isoler de plus en plus, surtout s’il y a déjà des difficultés psychologiques comme une dépression. Se lever le matin pour aller au collège ou au lycée, assister aux cours devient un véritable calvaire. Dormir la journée donne alors l’illusion de contourner les problèmes. Il finit par y avoir un décalage complet : vivre la nuit, dormir le jour.

Le rythme de sommeil devient totalement déréglé et la suite est connue : absence en cours, rythme de vie perturbé, mauvaise humeur, repas sautés… .

Comment en venir à bout ?

Il est nécessaire de consulter un médecin spécialiste du sommeil, psychiatre de préférence, ou travaillant avec un psychiatre car un bilan complet est nécessaire, notamment à la recherche d’une dépression et pour évaluer la personnalité du jeune patient.
Les techniques thérapeutiques pour traiter les retards de phase sont basées sur la connaissance de la chronobiologie pour remettre à l’heure l’horloge biologique. Le thérapeute préconise un réajustement des horaires de coucher et de lever, mais il faut de toute manière y associer un renforcement des synchroniseurs par l’utilisation de la lumière (luminothérapie) et de l’activité physique.

La chronothérapie par retard de phase est une technique qui va retarder l’endormissement de jour en jour, jusqu’au moment où le sommeil se trouvera à nouveau calé sur la nuit (en 8 jours environ). Il est plus facile pour l’organisme de reculer l’heure de l’endormissement  plutôt que de l’avancer. L’heure du coucher est retardée de trois heures chaque jour pour retrouver un horaire normal de coucher. Cette technique a l’avantage d’être rapide, mais il faut être très motivé, persévérant et aussi soutenu (parents, amis, thérapeutes) car il y a indéniablement une fatigue au début.

La méthode marche bien si elle est suivie sérieusement (pas de sieste par exemple). Il ne faut pas oublier que, même après la chronothérapie, la tendance naturelle au retard de phase existe encore. La motivation doit rester maximale pour renforcer et consolider les horaires : se lever à des heures régulières, sortir le matin pour voir la lumière du jour, pas de sieste dans la journée. Cet effort doit être régulier pendant au moins 6 semaines, sans sorties tardives , et surtout sans lever tardif, sinon le décalage va revenir très vite. Cela a été le cas pour Ruby, qui a parfaitement suivi tout le protocole de chronothérapie, mais qui n’a pas pu résister à l’appel des copains qui lui ont dit le samedi soir, 2 jours après la fin de la chronothérapie : « Tu ne vas quand même pas aller te coucher avec les poules! ».

Figure transmise avec l’autorisation du Dr S Royant-Parola

Dans les syndromes de retard de phase modéré, le médecin pourra proposer une avance progressive des horaires de lever,  associée à un renforcement des synchroniseurs, notamment en utilisant la lumière et l’activité physique le matin. Cela a pour effet de déplacer progressivement les horaires de sommeil car en renforçant la régularité de l’heure du lever, il y a une adaptation de l’horloge interne qui entraîne un endormissement plus précoce au bout de quelques jours. D’où l’importance d’un timing précis à respecter et qui sera indiqué par le médecin.
Lumière et activité physique matinales jouent sur l’horloge biologique et provoquent une avance de la phase de sommeil. L’endormissement se fait donc plus tôt le soir, et le réveil matinal est plus facile. En pratique, cela peut se faire simplement en organisant, peu après le lever, une marche rapide ou un jogging en extérieur, tous les jours ou presque tous les jours.

En hiver, quand il fait encore nuit le matin et que la lumière naturelle est trop faible, le médecin pourra proposer une lampe de luminothérapie . C’est un écran lumineux qui délivre une lumière blanche de forte intensité et qui a les mêmes propriétés que la lumière naturelle. Il faut s’exposer tous les matins, pendant au moins 30 minutes. Si le fait de rester immobile devant un écran est difficile, il existe des lunettes de luminothérapie qui permettent de bouger dans la maison.

La mélatonine est prescrite dans les différentes formes du retard de phase. C’est un régulateur des rythmes de sommeil et un facilitateur de l’endormissement. Elle est utilisée soit seule, en cas de syndrome de retard de phase léger, soit en association avec le renforcement des rythmes.

Ne te lance pas dans des expérimentations hasardeuses ; pour utiliser ces techniques, une consultation médicale est nécessaire. Mal appliquée, au mauvais moment, la manipulation des synchroniseurs peut aggraver la situation.

Attention ! Les somnifères ne sont pas efficaces contre le retard de phase et le risque de dépendance est très sérieux. La mélatonine peut aider à se recaler, mais, seule, sans changement comportemental, l’effet sera insuffisant ou transitoire.

Le syndrome d’apnées du sommeil

Le syndrome d’apnées du sommeil chez l’adolescent est, comme chez l’enfant, sous-estimé. Chez les onze à seize ans, sa fréquence est de l’ordre de 2 et 5%.

Les signes cliniques qui doivent faire évoquer ce diagnostic

Certains signes cliniques doivent alerter et nécessitent une consultation chez un spécialiste du sommeil :

  • la nuit et au réveil : des ronflements, une position anormale de sommeil (tête en hyperextension, position assise), des sueurs nocturnes (le pyjama et/ou l’oreiller sont mouillés le matin), une  fréquente envie d’uriner au cours de la nuit, un endormissement facile suivi d’un mauvais sommeil avec des réveils fréquents, des difficultés à se lever et parfois des céphalées matinales ;
  • dans la journée : une fatigue et une  envie fréquente de faire la sieste, des troubles de l’attention et de la concentration, des troubles cognitifs, des troubles du comportement (agressivité, irritabilité, ) et des troubles de l’humeur (anxiété, dépression). Ces symptômes peuvent être handicapants  sur le plan  scolaire et retentir sur les performances et la réussite de l’élève. Tous ces signes apparaissent alors que l’adolescent ne présente pas de dette de sommeil ni un sommeil décalé.

Les causes

Dans la majorité des cas, comme chez l’enfant, le syndrome d’apnées du sommeil de l’adolescent est dû à une hypertrophie des végétations et des amygdales.
Lorsqu’un syndrome d’apnées du sommeil existe chez l’un des parents, les signes précédents doivent faire évoquer cette pathologie chez le jeune car il y a une transmission génétique.

Les adolescents obèses ou en surpoids sont plus à risques car la graisse envahit aussi le fond de la gorge et la langue. Dans ces situations, la recherche d’un syndrome d’apnées du sommeil devrait être systématique.
D’autres affections plus rares peuvent contribuer à créer un syndrome obstructif au niveau des voies aériennes supérieures : les malformations maxillo-faciales (comme la maladie de Pierre Robin) ou certaines malformations ORL, certaines maladie chromosomiques (la trisomie 21, le syndrome de Willy Prader), les problèmes pulmonaires chroniques et enfin les maladies neuromusculaires (dystrophie musculaire, poliomyélite).

Pour étayer le diagnostic, le médecin va rechercher un certain nombre d’éléments

– Évaluation de la taille des amygdales et des végétations par un examen ORL éventuellement complété par une nasofibroscopie ;
– appréciation de la morphologie maxillo-faciale (visage oblong, rétrognatie) évocatrice d’anomalies génétiques, menton fuyant, déviation de la cloison nasale, une grosse langue, palais ogival, dents en avant, anomalies de la face ;
– recherche d’une cassure de la courbe de poids, l’apparition d’un retentissement scolaire ou sur le caractère.
Le diagnostic sera finalement affirmé sur la réalisation d’une polysomnographie.

Face à ce trouble, le traitement recommandé est l’ablation des amygdales et des végétations dans la majorité des cas. Mais il faudra souvent la collaboration de plusieurs médecins (spécialiste du sommeil, ORL, orthodontiste, …) pour trouver le traitement le plus adéquat.

En fonction de la cause, d’autres traitements sont efficaces

– Traitement d’orthodontie fonctionnelle par disjoncteur maxillaire ;
– chirurgie maxillo-faciale ou ORL ;
– rééducation linguale ;
– perte de poids chez les adolescents obèses ;
– dans certains cas une machine à pression positive peut être prescrite s’il existe un retentissement neurocognitif ou organique.

Plus l’âge de l’enfant se rapproche de l’âge de l’adulte, plus la démarche diagnostique et le traitement seront celui de l’adulte.

La suspicion d’un syndrome d’apnées du sommeil doit conduire à une évaluation du sommeil .

Quand le sommeil devient envahissant

Dans certaines circonstances le sommeil peut devenir tellement pressant qu’il est impossible de résister. On parle d’accès de somnolence.

Pour lutter contre ces endormissements, il y a des « trucs » pour rester éveillés. La somnolence est alors remplacée par une hyperactivité tout à fait anormale : changements d’humeur, tendance à faire beaucoup trop de choses en même temps, etc.

La somnolence peut te rendre agressif, intolérant. Tu peux aussi avoir des troubles de l’attention (à l’école par exemple). Presque toujours, tes résultats sont en baisse.

Quand faut-il s’inquiéter lorsque l’on s’endort dans la journée ?

Avoir besoin de faire une sieste tous les jours au-delà de l’âge de 7 ans n’est pas normal. Il vaut mieux alors demander conseil à un médecin.

Quelles sont les conséquences d’une somnolence ?

Elle peut provoquer :

  • un échec scolaire : lever difficile, déficit d’attention et de travail ;
  • des difficultés sociales (avec les amis, les parents, lors de sorties, au sport, etc.) ;
  • des problèmes psychologiques qui peuvent amener à s’isoler des autres et à être déprimé.

Certains abusent de stimulants, de substances qui mettent un coup de fouet. : la caféine (présente dans le café, le thé, certains sodas….) ou le tabac par exemple. Ces substances aident à rester éveillé. Attention, consommer des stimulants n’empêche pas le risque d’accident qui reste très fort pour ceux qui conduisent : 55% des accidents dus à la somnolence surviennent chez des jeunes de moins de 25 ans.

À quoi est due la somnolence ?

Elle peut  survenir en raison d’un manque ou d’une mauvaise qualité de sommeil, dont la première cause est la privation, volontaire ou non de sommeil. En 2005, 509 adolescents de 15 à 19 ans ont été interrogés : 55% d’entre eux se plaignaient d’être somnolents au moins 1 fois par semaine.

La somnolence est parfois liée à une maladie du sommeil

Certaines maladies peuvent particulièrement fragmenter le sommeil (dormir en se réveillant souvent) :

  • le syndrome d’apnées du sommeil se traduit par des ronflements avec des arrêts de la respiration ;
  • la maladie des jambes sans repos : les jambes bougent régulièrement au cours de la nuit sans qu’il soit possible de les en empêcher. Des agacements, des énervements pénibles, des picotements, des brûlures ou fourmillements et plus globalement des sensations désagréables ou douloureuses apparaissent. Cela arrive surtout le soir et, pour calmer ces crises, il faut marcher ou bouger ;
  • la dépression, accompagnée d’une baisse de moral avec des idées noires.

Mais ce peut être une hypersomnie…

L’hypersomnie, c’est la nécessité de dormir 2 à 3 heures par jour de plus que la moyenne et/ou le besoin de faire des siestes tous les jours avec une somnolence (envie de dormir) difficilement contrôlable surtout lorsque les activités sont monotones (télévision, cours, trajet en voiture, etc.). Ce besoin de dormir peut aussi arriver dans des conditions tout à fait anormales : en mangeant ou en discutant avec des amis par exemple !

Il y a des maladies du sommeil qui provoquent ce fort besoin de dormir. Ce sont des hypersomnies, dites « primaires » parce qu’il n’y a aucune autre cause. Il s’agit notamment de la narcolepsie, l’hypersomnie idiopathique (somnolence excessive en pleine journée), et l’hypersomnie périodique ou du syndrome de Kleine-Levin (maladie du sommeil très rare).

Qu’est-ce que la narcolepsie ?

Aussi appelée maladie de Gélineau, la narcolepsie est une maladie neurologique (liée au système nerveux) qui provoque des accès de sommeil irrésistibles et des cataplexies. La somnolence et les accès de sommeil (s’endormir d’un seul coup, n’importe où, n’importe quand) sont les premiers signes dans beaucoup de cas. Une personne touchée par cette maladie fera des choses mécaniquement. C’est l’« automatisme narcoleptique » : prononcer des paroles qui n’ont pas de rapport avec la conversation, ranger un objet dans un endroit où il n’a rien à y faire, etc.

Les signes de la maladie

  • La somnolence diurne (le jour) vient par vagues et peut être trop importante. Les accès de sommeil sont les premiers signes de la maladie. Ils sont souvent incontrôlables et ne permettent pas de récupérer.
  • Des accès de cataplexie déclenchées par des émotions est le signe le plus particulier de la maladie. La cataplexie est un brusque relâchement du tonus musculaire (tension présente dans les muscles au repos). L’émotion qui la provoque peut être agréable (rire, satisfaction, plaisanterie) ou désagréable (colère, frustration). La cataplexie dure de moins d’une seconde à plusieurs minutes. Elle peut arriver de plusieurs fois par jour à quelques fois dans la vie entière. Certains patients n’en ont jamais. 80% des narcoleptiques ont des moments, totalement conscients, de cataplexie. Si les cataplexies sont complètes, le corps peut tomber sous son propre poids parce que les jambes ne le tiennent plus. Souvent, elle  est partielle : par exemple, ce sont juste les muscles du cou qui lâchent, alors la tête part en avant. Également, les muscles du visage peuvent se relâcher ou encore les muscles des bras.
  • Les hallucinations hypnagogiques (au moment où l’on s’endort) ou hypnopompiques (au moment où l’on se réveille) sont également assez fréquentes . Ces hallucinations peuvent être visuelles, auditives ou sensorielles. Par exemple, l’impression qu’il y a une personne étrangère ou un animal dans la chambre. Ce peut être très effrayant. 39% des narcoleptiques ont ce genre d’hallucinations.
  • La paralysie du sommeil rend impossible l’utilisation de ses membres (les bras, les jambes ou la tête) ou de se retourner dans son lit. Cette paralysie survient d’un seul coup aux moments de l’endormissement ou du réveil et peut durer jusqu’à une dizaine de minutes. Tout se passe alors comme si l’esprit était réveillé mais le corps complètement endormi. Très inconfortable, elle peut également être effrayante, surtout si elle a lieu en même temps qu’une hallucination. Un tiers des narcoleptiques a des moments de paralysie.

Comment la reconnaître ?

Il y a souvent, en même temps, des accès de sommeil et des cataplexies, et ces signes suffisent au diagnostic. Mais quand il n’y a pas de cataplexie, le diagnostic est souvent plus difficile et donc plus long (parfois plusieurs années).
Chez l’enfant, le début des troubles peut être masqué par un comportement agressif, une baisse des performances scolaires, un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité.

En pratique, le diagnostic est généralement confirmé lors d’un examen en laboratoire associant une polysomnographie et un test itératif de latence d’endormissement.

– L’examen polysomnographique de nuit montre un endormissement rapide (inférieur à 10 minutes) souvent en sommeil paradoxal. Le sommeil qui suit est habituellement morcelé par de nombreux réveils.
– Le test itératif de latence d’endormissement est pratiqué le lendemain. À 4 ou 5 reprises dans la journée, à peu près toutes les 2 heures, le patient essaye de s’endormir. Le narcoleptique s’endort très vite (dans un délai moyen inférieur à huit minutes) et très souvent directement en sommeil paradoxal.

D’autres signes existent

Le sommeil perturbé : endormissement presque immédiat mais les réveils au cours de la nuit sont fréquents.
Les parasomnies (événements qui arrivent pendant le sommeil et qui le gênent) avec somniloquie  (paroles prononcées  dans son sommeil) ou des troubles du comportement du sommeil paradoxal, au moment où l’on rêve, qui donnent l’impression de vivre le rêve (appelé « rêve agi »). Cela peut devenir difficile à supporter. De plus, une prise de poids importante accompagne souvent le début de la maladie.

D’où provient-elle ?

Les causes de la narcolepsie sont encore mal connues.  Souvent, aucun facteur déclenchant n’est formellement identifié. Il existerait un processus d’autodestruction de certaines cellules dans le cerveau qui sont responsables de l’éveil. Le rôle du stress ou d’un choc lié à une forte émotion (divorce des parents, deuil…), ou encore d’une maladie virale, d’un traumatisme crânien a été souligné. Elles peuvent rarement être d’origine familiale si quelqu’un d’autre dans la famille a cette maladie.

Est-elle fréquente ?

La narcolepsie est une maladie rare, mais elle n’est pas exceptionnelle. Elle touche entre 2 à 5 personnes sur 10 000. D’après les enquêtes, il y aurait 15 000 à 21 000 malades en France. Elle se déclare à l’adolescence dans 7 cas sur 10. L’âge de début varie de la petite enfance à 50 ans, avec 2 pics de déclenchement vers 15 ans (70% des cas) et vers 35 ans. 34% des patients ont leurs premiers symptômes avant 15 ans, 16% avant 10 ans et 4,5% avant 5 ans.

Le premier signe est le plus souvent une somnolence diurne (en journée) excessive. Les cataplexies peuvent aussi être un symptôme qui indique que la maladie est en train de se déclencher. Ces signes peuvent survenir d’un seul coup. Il est donc facile de repérer le début de la maladie.

Comment la traiter ?

Les traitements actuels contrôlent les symptômes de la maladie, mais pas véritablement la cause elle-même. Le traitement comporte l’association de médicaments et de conseils d’hygiène de sommeil avec :

  • l’utilisation de stimulants de l’éveil pour lutter contre les accès de sommeil ;
  • la mise en place de siestes programmées. Elles peuvent réduire la nécessité de prendre des médicaments ou les rendre encore plus efficaces ;
  • les antidépresseurs ont une action efficace sur la cataplexie même en l’absence de dépression car ils permettent de lutter contre le relâchement musculaire.

Les autres formes d’hypersomnies

L’hypersomnie idiopathique : cette maladie provoque un besoin de sommeil très important ou de faire des siestes très longues. Le temps passé à dormir peut aussi augmenter. Il peut y avoir aussi une ivresse du sommeil se manifestant par la tête qui tourne au réveil. Les malades dans ce cas s’endorment très vite (moins de 8 minutes). Le traitement contre la somnolence excessive est le même que celui contre la narcolepsie.

Les hypersomnies récurrentes : syndrome de Kleine-Levin et hypersomnie de la jeune fille rythmée par les règles. Les malades connaissent pendant quelques jours des périodes d’hypersomnie sévère  – avec sommeil qui peut être de 18h/24h… –  souvent accompagnées de troubles du comportement alimentaire (boulimie, par exemple), ou de comportements « bizarres » et agressifs. Le syndrome de Kleine-Levin commence le plus souvent à l’adolescence. Elle est très rare et atteint surtout les garçons. Ces moments de somnolence arrivent en général tous les six mois, parfois plus souvent, pendant plusieurs années. En dehors des accès, le jeune homme a un comportement normal. L’origine comme la disparition spontanée de cette maladie restent un mystère.

Les parasomnies

Les parasomnies (voir pathologies de l’enfant) existent aussi chez l’adolescent.
Les accès de somnambulisme ont souvent une forme plus agitée. Au cours de cet accès un peu particulier, la démarche est anxieuse. – l’adolescent est agité, parle davantage et de façon incohérente. Lorsqu’on le touche, il se recroqueville. Les stimulations augmentent son état d’agitation et il peut avoir des réactions violentes. Le risque de blessure est plus élevé.
Des paralysies du sommeil isolées peuvent survenir chez les adolescents. La perception de la sensation de ne plus pouvoir bouger et la peur d’étouffer font que c’est toujours une expérience angoissante. Elles font parfois l’objet d’interprétations surnaturelles (sortie de corps, visites d’extraterrestres…) alimentant des forums qui renforcent encore ce type de  croyances. Elles sont fréquentes ; 17% des jeunes garçons disent avoir connu ce type d’ expérience.

Si tu as vécu ce genre de phénomène désagréable, il vaut mieux, plutôt que lutter, laisser venir le sommeil en allant au-delà de ta peur.

Pour toute question sur le sommeil de votre enfant, le Réseau Morphée met à votre disposition un forum Internet anonyme et gratuit sur lequel des spécialistes du sommeil répondent à vos questions.